| — Tout va bien?
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| — Hum
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| — Tu sais que la mort est la partie la plus magnifique de la vie n’est-ce pas?
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| La mort est magnifique parce que nous la craignons tous. |
| Et la peur c’est
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| l'émotion la plus surprenante de toutes parce qu’on en est totalement conscient.
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| Et ça, ça t’emmène à maintenant. |
| Ça te fais vivre le moment présent,
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| et quand tu es réellement dans le moment présent, c’est le nirvana.
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| C’est l’amour à l'état pur. |
| Donc, la mort c’est l’amour à l'état pur
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| Et si tu lis cette lettre c’est que j’ai du m’absenter
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| J’pourrais tromper la mort si j’me cache sous les corps déjà éteints
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| Pourtant la faucheuse est à portée de main
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| Et j’m'éclaire en tirant plus fort sur la clope, les puceaux adorent
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| J’suis encore plus tordu qu’vos auréoles, ça donne les morts
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| J’connais déjà le paradis au noir
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| Même si l’avenir a dit qu’j’aurai une maladie au foie
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| Et puis la chance doit penser qu’c’est la pluie
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| Quand j’lance des cailloux sur la fenêtre pour essayer d’la faire changer d’avis
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| Des fois elle s’retourne sur les gens qui t’causent
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| La balle descend pas assez vite et 'y a les plaies qui se réouvrent quand je
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| rigole
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| Ici la vie est comme un château de cartes
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| Et Dieu n’est pas très loin, il est seulement tombé de l'échafaudage
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| Elle leur a demandé d’aller s’rasseoir
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| Et la mort m’en doit une, c’est certain j’suis pas prêt de la voir
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| Ils font semblant de t’faire l’amour pour empocher les sommes
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| J’ai compris qu’c'était une hôtesse et puis j’ai du raccrocher le téléphone
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| Je rentrais de l'école maternelle la première fois que je l’ai vue
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| Cette dame désarticulée, couchée sur l’sol ne bougeait plus
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| Elle n'était pas tombée du ciel non
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| Mais de c’balcon au 5ème pour y monter de façon certaine
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| La mort cette chienne est une hôtesse plutôt chère
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| Une promesse sur nos têtes, la nouvelle la plus mauvaise
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| Tu connais, à cause d’elle certains d’mes frères souffrent
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| Ont l’air dingues et pètent tout après quelques verres, quelques teilles-bou
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| Elle est la raison pour laquelle ma chevalière
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| Ne vient pas de mon oncle mais du grand frère de ma mère
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| Du cancer à la guerre t’en fais pas
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| Elle a autant d’scénario possible qu’il y a de matière dans l’espace
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| Elle squatte, colonise les sales zones maudites
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| Où les balles trouvent mieux leurs cibles qu’les spermatozoïdes
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| Et je crains d’y venir, né prématuré y a 28 piges
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| À fumer comme ça j’durerais pas, et c’vide infini m’intimide
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| Tu verras qu’avec moi, l’enfer en vaut la peine
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| Frère j’ai une mauvaise nouvelle… (j'ai une mauvaise nouvelle)
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| Si ça résonne encore c’est qu’au moins un des tiens sommeille sous terre
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| Cette phase que ton oreille soulève, une balle qui vient s’loger sous l’aile
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| Et tu tombes face à face avec la porte du vortex ouverte
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| J’ai une mauvaise nouvelle, la faucheuse enchaîne
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| De peine en pleine tempête certains se font sauter le couvercle
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| Et elle remet le couvert, toujours en action
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| Je crois qu’elle traverse les murs, chez moi il y a même pas eu effraction
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| Elle m’a approché quelques fois mais j’ai pas fait mon temps
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| Quand j’tombais d’la falaise un petit arbre a fait foirer son plan
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| La route est pleine d’embûches mais souviens-toi qu’un platane bousille
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| 60km/h, 21 ans, c'était ma cousine
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| Le froid de l’instru te glace, le passé refait surface
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| Il a eu les plus tenaces, dur de rester en place
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| Quand elle sourit aux tiens, tu pleures
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| C’est une maline, comme la tumeur de mamie
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| La dernière lueur de sa vie prise sans pudeur
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| J’ai mon étoile au loin, celle qui brille le plus
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| Elle a rendu l'âme mais sa lumière m’arrive dessus
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| La culpabilité me tue, il y a de quoi traiter la mort de pute
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| J’voulais y montrer que j’savais faire les lassos, mais j'étais qu’un enfant
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| Une semaine plus tard j’ai su ce qu’elle voulait faire, en coulant
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| J’y ai tellement bien expliqué que j’ai la gorge nouée tout le temps
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| Une goutte a trouvé une brèche sur le toit, ma dernière phase fout le camp…
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| A quelle vierge pâle a-t-on coupé les tresses? |
| Ce monstre jaloux.
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| Une étrange fanfare accompagne les roues d’un corbillard grinçant.
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| L’espoir est à genou
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| Tu verras qu’avec moi, l’enfer en vaut la peine |