| Je vis maintenant sans rien attendre de mon trépas
|
| Car les promesses de l’au-delà
|
| Sont des promesses qui ne se vérifient pas
|
| Autant vivre, le paradis c’est sélect'
|
| Y’a des videurs et des physios aux portes du céleste
|
| Je vis parce que le temps qui passe c’est ma seule angoisse
|
| Enfin j’veux vivre parce que je souhaite laisser des traces
|
| Des chansons, un roman, un gosse qui porterait mon nom
|
| J’entends mon cœur mais je sens l’air dans mes poumons
|
| Vivre avant qu’ils formatent nos rimes en prose à l’eau de rose
|
| Et que mes vapeurs de révolté atteignent leur ménopause
|
| Vivre pour dire aux proches qu’on les aime
|
| Qu’on est loin d'être parfait mais qu’on jure qu’on essaye
|
| Je vis donc je combats, donc j’y crois encore
|
| Qu’un autre monde est possible et qu’on va changer l’décor
|
| Vivre aussi pour l’humain, apaiser ses souffrances
|
| Car un homme qui crie Césaire n’est pas un ours qui danse
|
| Au diable le troupeau de tous les gens sensés
|
| Qui restent les bras croisés sur des routes déjà tracées
|
| Je détale quand le rêve devient commercial
|
| Parce que vivre c’est prendre l’air et zyeuter les étoiles
|
| C’est être un funambule, un mégot sur un trottoir
|
| Je vous salue car je partirai sans vous dire au revoir
|
| A toutes mes rimes et pensées que j'évacues sur un buvard
|
| Voici l’empreinte de mon cul sur Hollywood Boulevard
|
| Je vis (je vis), aujourd’hui comme au début
|
| Sur des sentiers battus, sur le goudron des rues
|
| Je vis (je vis), comme une trace de sud au nord
|
| La goutte de sang qu’on essore de bijoux en or
|
| Je vis (je vis), comme un mégot d’espoir
|
| Parti en fumée, écrasé sur les trottoirs
|
| Je vis (je vis), comme sur un fil
|
| En équilibre entre l’Afrique et l’exil
|
| Rime sous l’qalam j'écris sur dix rames de feuilles d’igname
|
| Influence que j’cultive loin d’Paname reçoit les dirhams
|
| Encre latérite la plume sucre de canne
|
| Mes vers ressemblent au tapis du festival de Cannes
|
| Les tanks glissent sur des peaux de banane, réelle est la fiction
|
| A côté les mômes jouent la Coupe d’Afrique des nations
|
| J’ai un peu d’verbe, je n’ai pas d’armes
|
| Entre shalom et salam je suis la passerelle des tam-tam
|
| A la frontière mon frère, ne te laisse pas prendre
|
| Laisse la pomme — elle est amère -, suce la mangue
|
| Sur ma route vas-y viens c’est une piste noire
|
| Je vais t’apprendre à skier en voiture près des trottoirs
|
| T’as la goutte au nez, c’est la poussière c’est la terre
|
| T’as la bave aux lèvres y’a trop de chères célibataires
|
| Mets tes sandales, tes orteils étouffent dans tes santiags
|
| Tu vois t’arrive à me faire rire même sans blagues
|
| Tu mériterais quelques pièces quelques francs CFA
|
| Pour toi respirer sans argent c’est fade
|
| Tiens voici un peu d’monnaie, et des mouches tsé-tsé
|
| Puisque tout se deale le palu comme la CC
|
| Calebasse, beignet sur la tête
|
| Depuis qu’j’marche avec ma couronne je suis wanted
|
| Ils me recherchent en banlieue alors qu’je suis dans la brousse
|
| Je vis là où NTM remplace Nouss
|
| Je vis aujourd’hui comme au début
|
| Sur des sentiers battus, sur le goudron des rues
|
| Je vis comme une trace de sud au nord
|
| La goutte de sang qu’on essore de bijoux en or
|
| Je vis comme un mégot d’espoir
|
| Parti en fumée, écrasé sur les trottoirs
|
| Je vis comme sur un fil
|
| En équilibre entre l’Afrique et l’exil
|
| Parce qu’on meurt demain je vis aujourd’hui
|
| Je vis comme au premier jour, comme au premier cri |