| Aucun visage ne me regarde
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| Et sur les quelques pièces que je glane
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| A la sortie des magasins, après l’office
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| Le côté face aussi me donne le profil
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| Le soleil tombe avec les degrés
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| Depuis ce matin je marche, mais là mes pieds sont las, il faudrait que je pense
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| à me poser
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| Que je me trouve un porche ou un coin tranquille, bien abrité
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| A l'écart des regards, la tolérance est souvent mal imitée
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| Parfois j’aimerais être invisible tout comme ces fantômes
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| Ne pas voir ces yeux, qui ne me regardent pas comme on regarde un homme
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| «Bonjour madame, n’ayez pas peur, non, je ne suis pas dangereux
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| Je vous tiens la porte c’est tout, c’est pas à votre sac que j’en veux «C'est qu’un «bonjour «, ça ne vous coutera pas 1 €
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| Allez fouillez votre cœur, y’a peut-être encore quelques «merci»
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| Je vous jure c’est pas de ma faute si tout le pays part en vrille
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| Je suis là par manque de chance, la vie a ses sombres héros
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| Comme une ombre au tableau, je croise des routes sans jamais laisser de trace
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| S’il vous plait, voyez moi, une fois avant que le vieux ne m’efface
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| Je sais c’est dur car vous me percevez comme un peut-être
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| Alors c’est presque par instinct que vous tournez la tête
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| C’est vrai je dors là, où vos chiens ont leur chiottes
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| Je gêne les amoureux qui sur les bancs, le soir se bécotent
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| Et si le vent parfois me force à squatter vos entrées
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| N’oubliez pas, même les vaincus ont droit au respect
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| Et si le dédain était armé, je serais mort 1000 fois
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| Comme ceux qu’on trouve le matin gelés et morts de froid
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| Mais là c’est pire ma présence ne choque même plus
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| Le temps défile et doucement je deviens une simple habitude
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| On ne me voit plus, je suis transparent, une habitude
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| Les regards glissent, sur mes affaires entassées sur ce trottoir vide
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| C’est tout ce qui me reste, mon testament
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| On ne me voit plus, je suis une silhouette
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| Une ombre sans utilité
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| Comme disent hommes et femmes pleins de futilités
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| Je ne suis qu’une habitude, ou aucun pas ne s’arrête
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| On vit l’hiver gelés par la honte
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| Le froid et l'été, l’indifférence des passants nous fait de l’ombre
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| Sur un trottoir, un banc on dérange, chacun sa croix
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| Une pièce, de l’eau courante, un trésor qu’on ne trouve pas
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| Le soir on marche en petits groupes, livrés à nous-mêmes
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| Rien qui nous retient ici, ni maison, ni repères
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| Nos souvenirs, nos joies dans des sacs poubelles
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| On brave le «idien et voit nos espoirs à la baisse
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| On fuit la loi et l’ordre qui nous chassent parce qu’on n’a plus de sous
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| Ils ont saisi ma dignité avec mes biens un jour
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| Depuis je vous regarde, faire semblant de ne pas me voir et ça me marque
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| Plus que le temps à tuer sur le goudron une tache dans ce parc
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| Vos non dits qui en disent long me rattrapent
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| Et parmi nous beaucoup se résignent face au mépris, ils signent
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| Pour une idylle avec une bouteille vide
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| On ne juge pas, on a tous une histoire, je ne vous le souhaite pas
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| Je pourrais être vous, vous pourriez être moi
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| Alors je rêve devant les vitrines, tant pis si c’est pour de faux
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| Je sais que la rue ne fait pas de cadeau
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| J’essaie d'être fort même dans le caniveau
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| Je ne suis qu’une statue de chair parmi vous
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| Et à la fin j’aurai joué mon rôle jusqu’au bout
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| Mais les spectateurs m’ont fait défaut
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| On ne me voit plus, je suis transparent, une habitude
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| Les regards glissent, sur mes affaires entassées sur ce trottoir vide
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| C’est tout ce qui me reste, mon testament
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| On ne me voit plus, je suis une silhouette
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| Une ombre sans utilité
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| Comme disent hommes et femmes pleins de futilités
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| Je ne suis qu’une habitude, ou aucun pas ne s’arrête
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| On ne me voit plus |